J'ai sauté une classe et je le regrette

Mon enfant de fin d'année, perpétuellement le plus jeune en classe, va doubler son année. Et honnêtement, au vu de mon propre parcours, ça me soulage...

Ça appartient à ma légende familiale. Ou en tout cas à ma légende personnelle, celle que je me suis construite sur base de ce qu’on m’a raconté à l’époque et de ce que j’en ai retenu. Il paraît que j’étais du genre à me lever en classe pour aller ajouter le point sur le i du mot que la maîtresse venait d’écrire au tableau. Je pinaillais, je réclamais plus d’exercices, je m’ennuyais et j’ennuyais les autres. De nos jours, on dirait de moi que j’étais un enfant précoce.

Il a été décidé que je sauterais une année scolaire. Je n’ai pas fait ma deuxième maternelle, je suis passée de la première à la troisième directement. Dès que j’ai été capable de lire et d’écrire, je réclamais des sujets de rédaction à mon père. Il me donnait des thèmes et j’écrivais un texte argumenté sur le sujet. Mon fils me demandait récemment quelle passion j’avais à son âge, je lui ai répondu: travailler pour l’école.

Mon côté première de classe m’a valu quelques ennuis tout au long de ma scolarité. En primaire, j’étais celle dont on jalousait les bons points et dont on renversait le cartable dans les buissons de la cour de récré.

Mes amis d’enfance sont tous de 1984 tandis que je suis de 1985. Je viens de célébrer mes 39 ans, ils sont tous en train de fêter leurs 40. Je vous parle de ça parce que mon fils étant de fin d’année, il est le plus jeune de sa classe. Sans être avancé d’un an de façon délibérée, il se retrouve dans la même situation que moi.

Nous déménageons aux USA dans quelques mois et son statut va changer. Selon sa date de naissance et les exigences scolaires californiennes, définies par sa date de naissance, il va refaire son année de troisième primaire (CE2 / Third Grade). Et je ne m’y attendais pas, mais ça m’a étrangement soulagée.