Doit-on toujours faire front commun devant ses enfants?

Je ne suis pas toujours d'accord avec mon mari et il n'est pas toujours d'accord avec moi non plus. Et parfois, on le dit devant notre fils. C'est grave, docteur?

Connait-on vraiment la personne qui vit sous notre toit avant de faire un enfant avec elle? Pas sûre. Se connaît-on d’ailleurs soi-même totalement avant d’avoir un enfant? Pas sûre non plus.

J’ai personnellement l’impression que la parentalité a débloqué de nouveaux niveaux dans mon jeu intérieur. Je me suis découverte des superpouvoirs insoupçonnés: une patience, par exemple, que je ne me connaissais pas.

Attention, devenir mère ne m’a pas rendu meilleure pour autant: certaines de mes faiblesses sont exacerbées depuis que j’ai enfanté. J’ai toujours été sanguine et même si j’essaie de me maîtriser, j’ai toujours des coups de sang que personne ne voit venir (même pas moi), parce que je suis fatiguée qu’on m’interrompe, ou fatiguée tout court, en fait.

La maternité m’a fait découvrir des terrains intimes inconnus que j’explore un peu plus chaque jour. À force, ces nouveaux paysages me deviennent familiers. Mais je sais qu’il y a encore quelques montagnes avec des pentes plus ou moins escarpées à gravir: j’en vois les sommets à l’horizon. La randonnée n’a jamais de fin.

Je constate que c’est pareil pour mon mari: il y a des traits de caractère qui se renforcent selon le défi parental du moment, et d’autres qui tendent à presque disparaître au contact de l’enfant que nous avons fait ensemble. L’enfant apporte parfois des réponses à des questions qu’on ne savait même pas qu’on se posait.

Tout ça pour dire que c’est difficile d’être un couple, d’accorder nos différences, de faire cohabiter nos chagrins jamais consolés, nos rancœurs familiales et nos rêves d’enfant. Mais c’est encore plus difficile d’être un couple avec un enfant. Même si on se connait bien.

Chez nous, on n’est pas toujours d’accord.